Ce mardi 4 février, le ministère du Commerce chinois annonçait avoir déposé plainte « devant le mécanisme de règlement des différends de l’Organisation mondiale du commerce » (OMC) à la suite de la hausse des droits de douane (+10 %) décidée par Donald Trump sur les produits chinois.
En parallèle, le Canada décidait aussi de saisir l’OMC pour protester contre les droits de douane de 25 % imposés par Washington. Mais que peut vraiment l’OMC dans cette affaire ?
Créée en 1995, l’organisation basée à Genève a pour but de favoriser la concrétisation — entre les États membres — d’accords « destinés à réduire les obstacles au commerce international », peut-on lire sur son site.
Cette institution multilatérale peut aussi trancher en cas de désaccord entre des pays sur l’interprétation ou l’application de l’un de ces textes. Ainsi, « près de 80 % du commerce international repose sur les règles de l’OMC », souligne Elvire Fabry, chercheuse senior à l’Institut Jacques Delors, un groupe de réflexion pro-européen.
L’organisation, présidée depuis 2021 par la Nigériane Ngozi Okonjo-Iweala, est aussi composée d’un organe de règlement des différends et d’un organe d’appel.« Le problème, c’est que les États-Unis ont bloqué le fonctionnement de l’organe d’appel depuis 2019 », sous le premier mandat de Donald Trump, ce qui a beaucoup fragilisé l’OMC, poursuit Elvire Fabry, « les Européens, avec d’autres pays, y compris la Chine, ont mis en place un mécanisme alternatif d’appel qui permet de traiter les contentieux comme auparavant. Mais les États-Unis n’en font pas partie ».
Pire, si l’OMC se positionnait en défaveur des États-Unis dans la guerre commerciale entamée par Donald Trump, Washington pourrait « prendre des décisions radicales, comme cesser de contribuer au budget de l’OMC […] ou même quitter l’organisation, ce qui serait une mesure extrême », anticipe Dmitry Grozoubinski, aujourd’hui directeur exécutif de Geneva Trade Platform.
Toutefois, le président américain a été nettement moins virulent concernant l’OMC dans ses discours l’an dernier par rapport à sa campagne de 2016. De plus, le « chaos » actuel plaide plutôt « en faveur de l’existence de l’OMC » et de la défense d’une institution forte, estime encore Dmitry Grozoubinski.